Les Faverges
Un départ chaotique
Malgré ces informations, en 1976 la parcelle fut fauchée en pleine floraison des glaïeuls et ceci durant 3 ans. En 1979, malgré les tentatives d'arrangement faites par notre association, la mise en place d'un drainage et le creusage de fossés détruisirent une grande partie des richesses du site.
Après quelques vives discussions sur l'avenir de la parcelle, un arrangement fut trouvé pour conserver les valeurs floristiques restantes. Enfin, en 1983, le comité de Pro Natura Genève décida d'acquérir les parcelles, depuis protégées.
Remise en valeur du site
Pendant près de 10 ans après l'acquisition des Faverges par Pro Natura Genève, le champ cultivé a été laissé en friche dans l'immense (mais vain) espoir de voir le sol s'appauvrir suffisamment pour permettre à la végétation des prairies maigres de recoloniser le champ à partir de la parcelle attenante ou du stock grainier contenu dans le sol.
Constatant l'inefficacité de cette mesure, Pro Natura Genève entrepris une tentative de renaturation comportant deux volets: un décapage afin d'enlever l'excédent en matière nutritive et une étude scientifique sur la dynamique de recolonisation de la végétation.
La flore de la réserve
Compte tenu de l'écologie du site des Faverges et des différents biotopes représentés, il n'est pas étonnant d'y rencontrer de nombreuses espèces rares et menacées en Suisse. Il n'existe encore aucun inventaire précis de la situation, mais plusieurs éléments peuvent déjà être relevés :
- Glaïeuls des marais (Gladiolus palustris) Plante d'une hauteur d'environ 30-60cm, fleurissant entre juin et juillet, avec des fleurs pourpres et parfois blanches en entonnoir, poussant dans les clairières ou prés humides, de préférence sur sol calcaire. Rare et protégée en Suisse
- Spirée à six pétales (Filipendula vulgaris) Plante de la famille des roses, elle se caractérise par de petites fleurs blanches et des feuilles longues et très découpées. Plante considérée comme menacée de disparition en Suisse, on la rencontre dans la partie intacte des Faverges.
- Séneçon aquatique (Senecio aquaticus) Grande plante pouvant atteindre 1m20 de haut, elle ressemble à une grande "marguerite" à petites fleurs jaunes. Ses feuilles sont de plus en plus découpées du bas vers le haut de la tige. Apparue dans la partie décapée, elle est une nouvelle espèce pour les Faverges après sa revitalisation.
- Scorsonère humble (Scorzonera humilis) Sorte de salsifis découvert dans la prairie intacte. Elle fleurit entre mai et juillet, dans un milieu humide, avec des fleurs jaunes ressemblant un peu au pissenlit. La population des Faverges est la plus grande connue sur le canton de Genève.
Les lisières, un biotope à part entière
La lisière constitue une zone de transition entre la forêt et les terrains ouverts, composée de jeunes arbres et arbustes entourés d'une zone herbeuse. Cette végétation dense est un biotope idéal pour de nombreuses espèces et remplit de multiples fonctions écologiques : site de ressources alimentaires, de nidification, de reproduction, aire de repos, refuge contre les prédateurs, le vent, etc.
Les lisières sont donc un milieu essentiel qui mérite d'être préservé. Mais pour que les lisières offrent toutes ces possibilités écologiques, elles doivent avoir une structure étagée se rapprochant de leur état naturel. Malheureusement, malgré leur importance, la quasi-totalité des lisières naturelles ont disparu du canton de Genève. Pour pouvoir les préserver, il faut y pratiquer régulièrement des coupes permettant de conserver cette structure étagée.